Jeunesse

Intervention de DSK – 1er octobre 2006 – JOC

Etats Généraux de l’emploi des jeunes

1. Je répondrais bien sûr à votre charte, mais je veux d’abord vous parler de ma vision de la jeunesse. Je vous donnerais ensuite quelques unes de mes propositions.

2. Pour moi, il n’y a pas de « péril jeune » mais une jeunesse en péril.

Aujourd’hui, en France, la jeunesse est :

• Une jeunesse stigmatisée

- 50% des 18-24 ans considèrent que la société est violence envers eux dans sa représentation

et son traitement de la jeunesse. Et 69% des étudiants pensent que la société ne leur fait

pas confiance pour préparer leur avenir.

- Pour Nicolas Sarkozy, la jeunesse est une classe « dangereuse ». Il entretient une confusion volontaire entre les jeunes et la délinquance. Si Nicolas Sarkozy déteste tant mai 68, c'est qu'il déteste la jeunesse en lutte, la jeunesse qui s'émancipe. Il veut une jeunesse au garde à vous, moi je veux une jeunesse en marche.

• Une jeunesse en souffrance

- Des jeunes qui souffrent de mal-être : 15% des étudiants ont eu des pensées suicidaires au cours de ces 12 derniers mois. 54% des étudiants se sentent tendus, angoissés (45%) (Enquête

LMDE juin 2005)

- Des jeunes qui souffrent de précarité : Les 2/3 des jeunes accèdent à l’emploi par une forme précaire (CDD, mission, intérim), un étudiant sur deux est obligé de travailler pour financer ses études.

- Des jeunes qui souffrent de discriminations.

Discriminations raciales à l’embauche pour les jeunes des quartiers mais aussi différences de salaires entre les générations : en 1977, il y avait 15% de décalage entre le salaire à 30 ans et le salaire à 50 ans. Aujourd’hui, le même écart est de 40%.

- 55% des 18/25 ans habitent encore chez leurs parents alors que plus d’un tiers ont déjà un salaire.

- 1/3 des SDF ont entre 18 et 29 ans.

Comme vous l’indiquez dans votre charte, il nous faut donc promouvoir un autre regard sur la jeunesse.

3. Tout cela est d’autant plus inacceptable que la jeunesse de ce pays est

mobilisée, généreuse et ambitieuse !

- On l’a vu lors des mobilisations contre le CPE, on le voit aujourd’hui avec vos Etats

généraux pour l’emploi, la jeunesse est prête à se mobiliser pour rendre la société plus juste.

- Les jeunes constituent aujourd’hui la classe d’âge la plus engagée dans le volontariat et le bénévolat.

4. L’enjeu pour la France, c’est de donc donner à la jeunesse sa juste place, de lui donner les moyens de s’intégrer pleinement dans la société.

C’est le sens de mon soutien à votre charte pour l’emploi des jeunes. Je soutiens votre initiative pour au moins deux raisons :

- La question de la formation et de l’emploi des jeunes constitue un défi majeur : 39% des jeunes sans qualification sont au chômage, le taux de chômage dans les deux ans qui suivent la sortie des études dépasse les 20% depuis 25 ans.

- A travers ce problème de l’intégration de la jeunesse dans le marché de l’emploi, se pose aussi le rapport même qu’entretient aujourd’hui la République avec les jeunes générations.

5. Et pour ma part, je veux redonner sa place à chaque jeune dans la République.

Aujourd’hui, la jeunesse ne veut pas s’opposer à la société mais s’y intégrer pour la changer comme le montre ses combats sur les problèmes environnementaux, les relations Nord/Sud, la pauvreté en Afrique et l’accroissement des inégalités sociales.

Voilà pourquoi, je vous propose :

• D’en finir avec le scandale des stages

- Un étudiant sur deux, environ 800 000 étudiants, effectue au moins un stage au cours de sa scolarité.

- Un grand nombre de ces stages ne sont ni indemnisés ni convenablement encadrés.

Je propose d’instaurer un nouveau statut des stagiaires imposant une rémunération obligatoire et conséquente, de véritables droits sociaux et une meilleure responsabilisation de l’employeur.

• De mettre un terme à la « génération précaire »

- Pour limiter les emplois précaires et à la multiplication des contrats à durée déterminée (CDD, CNE, CPE), il faut encourager les entreprises à embaucher des salariés sous contrat à durée indéterminée.

Je propose d’instaurer une pénalisation fiscale des entreprises qui ont recours à des emplois précaires, en modulant l’assiette de l’impôt sur les sociétés.

• D’abattre ensemble les barrières qui bloquent l’entrée des jeunes dans le monde des adultes

- Assurer l’accès au logement : faire du logement des jeunes, une priorité nationale et mettre

en oeuvre un nouveau dispositif de financement des dépôts de garantie et de la caution

solidaire pour les – de 25 ans.

- Assurer le droit à la santé : garantir l’accès des jeunes aux soins optiques et dentaires. Rendre la contraception et la protection des MST, totalement gratuites.

- Assurer la possibilité de se déplacer : l’obtention du permis de conduire doit être intégrée à l’enseignement que reçoivent tous les jeunes de notre pays